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Pagine Marxiste - français
La projection internationale de l’économie allemande

Dans bien des milieux de gauche, en Europe et ailleurs, le terme d’impérialisme est devenu synonyme d’États-Unis d’Amérique, et par conséquence le concept d’internationalisme est devenu synonyme d’anti-américanisme. Il est vrai que les États-Unis représentent aujourd’hui l’impérialisme le plus puissant, mais c’est une grave erreur que de passer sous silence la présence et l’action des autres impérialismes, à commencer par les impérialismes européens, y compris ceux qui aujourd’hui se servent des idéologies pacifistes parce qu’ils sont plus faibles sur le plan militaire mais non moins désireux d’envoyer des troupes à l’étranger et de construire leurs propres zones d’influence dans le monde.
Dans cet article, nous amorçons une analyse des bases économiques et des stratégies politiques de l’impérialisme allemand.


Pour comprendre les motivations profondes qui sous-tendent les orientations de la politique étrangère allemande après la réunification du pays, il faut d’abord considérer les lignes directrices des mouvements et des intérêts principaux de ses groupes économiques dans les principales zones du globe, leur interaction et leurs contradictions avec les mouvements et les intérêts des autres grandes puissances.

MOUVEMENTS D’INVESTISSEMENTS


Dans L’impérialisme stade suprême du capitalisme, Lénine identifie l’exportation de capitaux comme un signe de la maturation impérialiste. L’avancée de l’impérialisme allemand dans les investissements extérieurs s’est renforcée après 1989, l’année de la réunification nationale. Déjà à la fin des années 1980, tandis que les sociétés étrangères hésitaient encore à investir en Allemagne, les sociétés allemandes ont augmenté considérablement leurs investissements directs à l’étranger. Leur développement1 est passé d’une moyenne annuelle d’au-delà de 8 milliards de marks, en prix constants 1990, en 1970-74, à au-delà de 11 milliards en 1980-84 et à presque 30 milliards en 1990-94. Dans les cinq années 1999, 2000, 2001, 2002 et 2003, la moyenne s’est multipliée par plus de 9 par rapport à celle de 1970-74, rejoignant une valeur de 73,3 milliards de marks.
Même leur rapport avec le PIB dénote une tendance de croissance forte — même si on constate une brusque décélération depuis 2001.
Tandis qu’il y a trente ans, en 1974, les investissements extérieurs directs de l’Allemagne ne représentaient que 0,89% du PIB, 15 ans plus tard, en 1989, ils avaient doublé (2,16%), atteignant ensuite des pics à plus de 8% et 10% respectivement en 1998 et 1999. Une grande partie de ces mouvements de capitaux a servi à la bourgeoisie allemande pour pénétrer les marchés extérieurs, de la Chine à l’Europe de l’Est, à la recherche de nouveaux marchés et de taux de profit plus favorables. La part croissante des investissements extérieurs par rapport au produit intérieur brut est là pour démontrer la forte projection impérialiste de l’économie allemande, qui réalise hors des frontières nationales une part significative de la reproduction étendue de ses capitaux.

Dans la compétition continuelle avec les puissances impérialistes rivales, la bourgeoisie allemande tente d’impliquer la classe qu’elle exploite dans sa mère patrie, aujourd’hui en lui attribuant des fautes présumées et des coûts et en lui demandant des sacrifices sur les conditions de travail, pour la santé et la sécurité, après l’avoir gratifiée d’un généreux welfare quand, dans les décennies précédentes, elles pouvait se le permettre (voir tableau 1).
La bourgeoisie allemande a investi et créé de nouvelles usines, officines et bureaux là où le coût du travail est le moins élevé. Le capital basé en Allemagne dépend toujours surtout du marché mondial, il peut toujours moins se contenter de l’espace national qu’il continue pourtant à utiliser comme rampe de lancement.
Pour démentir la perte d’attractivité de l’Allemagne pour le capital international, ce dont se plaignent les différentes organisations patronales, il suffit de se souvenir que, au cours des quatre années 1998-99 et 2001-02,2 les étrangers ont investi en Allemagne 289,564 milliards de marks, ce qui revient à dire quatre fois la somme des cinq années qui ont précédé.3 Pour deux années consécutives le solde des investissements directs s’avère positif,4 ce qui revient à dire que les investissements des groupes étrangers en Allemagne ont été supérieurs à ceux des sociétés allemandes à l’étranger.
Les conditions actuelles d’exploitation de la force de travail allemande, étant donné sa qualification et son organisation, ne sont donc pas hors marché, elles constituent même une force d’attraction pour le capital étranger.

Si l’on veut mettre un chiffre sur le poids impérialiste de l’Allemagne dans le monde, en faisant abstraction de l’influence politique qu’elle réussit aujourd’hui à exercer, on peut se rappeler que, au niveau mondial, les travailleurs salariés par les entreprises allemandes à l’étranger (sans compter les travailleurs des entreprises de leur induit) sont environ 7 millions, ce qui équivaut à peu près à 1/5 du total des salariés allemands.5
À l’inverse, en 2000, il y a bien 3,6 millions d’immigrés qui travaillaient en Allemagne, ce qui équivaut à 8’8% de la force de travail allemande.6 Si l’on ajoute donc la force travail étrangère exploitée directement en Allemagne et celle qui est exploitée à l’étranger, on découvre que l’impérialisme allemand dispose d’une seconde armée de travailleurs, d’une ampleur équivalente à 28,8% des salariés allemands, de laquelle on peut extraire de la plus-value.

ÉCHANGES COMMERCIAUX


Les données sur le commerce extérieur de l’Allemagne indiquent aussi une internationalisation très forte et en pleine croissance de l’économie allemande. Si en 1970 la part de l’exportation de biens et services par rapport au PIB était d’environ 16,5%, en 1980 elle était montée à 20,4%, en 1990 à plus de 25%, dix ans plus tard, à presque 34% et en 2002 à presque 36%. Plus d’un tiers de l’économie allemande se révèle pour cette raison être liée à sa capacité de projection et d’affirmation internationale.
Cette capacité est déterminée d’abord par la force, la technologie et la productivité de l’appareil productif, mais elle est aussi promue et favorisée par des instruments politiques et diplomatiques, par toute une série d’organisations et associations, y compris les associations humanitaires et culturelles, et ultimement par des initiatives militaires. Voici donc que se trouve expliquée l’intensification des initiatives diplomatiques, des visites des représentants les plus importants de l’État allemand, généralement accompagnés de toute une foule de représentants du monde économique, autant en Asie, en particulier en Chine, qu’en Afrique. On traitera plus spécifiquement de cet aspect dans des articles ultérieurs.
Pour ce qui concerne les orientations commerciales, on peut relever que l’Union européenne a absorbé presque 54% des importations allemandes entre 1987 et 1991, avec un maximum historique de 57,2% en 1999, et en maintenant une moyenne de plus de 55% jusqu’en 2003. Les importations de l’Union européennes sont stables depuis une quinzaine d’années entre 51 et 52%.
Les échanges commerciaux avec les pays de l’Union européenne continuent donc à faire la part du lion pour l’Allemagne, et ils ne peuvent pas ne pas conditionner les rapports politiques réciproques. Même en 2003 la France est le premier partenaire, autant pour les exportations que pour les importations, suivie par les exportations des États-Unis et de la Grande-Bretagne, et pour les importations de la Hollande et les États-Unis, l’Italie est au quatrième rang pour l’un et l’autre des mouvements commerciaux. L’Allemagne, qui est depuis des années le deuxième exportateur (et importateur) au monde après des États-Unis (qu’elle a dépassé en 2003, pour ce qui est seulement de l’exportation de marchandises) précède le Japon et la Chine, qui est déjà en quatrième position.

Pour preuve supplémentaire que la thèse du patronat allemand selon laquelle les entreprises allemandes ne sont pas compétitives, on peu citer les faits suivants. Selon les données du FMI, depuis 1997 le montant des exportations allemandes de marchandises et de services a augmenté dans une plus large mesure que le volume du commerce mondial. Également en 2001, l’année où le volume du commerce international a chuté de 0,2%, les exportations allemandes ont augmenté de 6,7%, dépassant en cela toutes les plus grandes économies européennes; entre 1992 et 2002 le surplus commercial allemand a augmenté fortement, se multipliant presque par huit, de plus de 33 à 259 milliards de marks. Le rapport entre exportations et importations est passé de presque 105% en 1992 à 125% en 2002.
Les exportations de l’économie allemande équivalent aujourd’hui au total de la production espagnole. La compétitivité croissante et la projection internationale des entreprises allemandes se mesure par l’amélioration importante, pour les secteurs les plus significatifs, du rapport entre le montant des ventes de marchandises allemandes à l’étranger et celles qui sont produites en tout. Dans les secteurs porteurs de l’industrie allemande, plus des deux tiers de la production sont exportés.7

ORGANISMES NON GOUVERNEMENTAUX DE LA REPRÉSENTATION IMPÉRIALISTE ALLEMANDE DANS LE MONDE


Ces forts courants d’exportation de marchandises et de capitaux, en dehors des courants d’importations de matières premières, réclament une forte représentation politique à l’étranger, qui se concrétise pas seulement dans les organismes d’État (ministères des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et de la Défense), mais aussi dans les organisations qui sont une émanation directe des groupes économiques. Il y a cent ans déjà était fondée Afrika-Verein (Union pour l’Afrique), une association d’entreprises et d’institutions ayant des intérêts dans les pays africains, encore active aujourd’hui, et qui, au cours de sa longue histoire, n’a pas cessé de se transformer pour s’adapter au cours des rapports politiques, économiques et militaires de l’impérialisme allemand avec les autres puissances. Elle compte aujourd’hui 300 membres, depuis des multinationales à de petites et moyennes entreprises allemandes ; elle a des liens avec les institutions, avec les organisations de développement, avec les directions industrielles, les chambres de commerce, etc. En Europe, elle a été parmi les fondateurs du Business Council for Europe, Africa and Mediterranean (BCEAM), parmi les fauteurs, à Bruxelles, d’une “politique européenne de développement” ou, mieux, de l’intervention de l’impérialisme européen en Afrique. Nous pourrons approfondir son histoire en traitant de la politique allemande en Afrique.

C’est à 1952 que remonte la Commission pour l’Est, soutien des intérêts allemands en Russie, en Europe de l’Est et du Sud-Est, dans la Baltique, le Caucase et l’Asie centrale, un instrument concret de réalisation de ce qu’on appelle la Ostpolitik.
La ligne de la recherche de nouvelles zones d’influence de la part de l’impérialisme allemand, qui n’a jamais vraiment pris fin même pas après les défaites au cours des guerres mondiales, reprend vigueur depuis la moitié des années 1990, quand dans l’Allemagne unifiée, et désormais émancipée de sa condition de pays vaincu, sont fondées quatre associations importantes des plus grandes organisations économiques allemandes servant à représenter les intérêts de l’Allemagne dans les différentes régions du monde.

En 1993 l’APA, l’Association pour l’Asie orientale est fondée par la BDI (Confédération des industriels allemands), la DIHK (Chambre allemande de l’industrie et de l’artisanat), et l’OAV (Union Est-asiatique), depuis 1999 elle s’est étendue à la BGA (Confédération du commerce de gros et de détail) et à la BDB (Confédération des banques allemandes).

En 1994 la LAI, l’Initiative pour l’Amérique latine, est fondée par la BDI, l’IAV (Association ibéro-américaine) et la DIHK à laquelle se joignirent dans la foulée la BGA et la BDB. Le président de l’Initiative est Ludwig Georg Braun, qui préside aussi la DIHK. On peut lire dans la documentation sur les initiatives régionales : « [...] le but de l’initiative est de [...] améliorer la position économique allemande dans la région, et en particulier celle des petites et moyennes entreprises ». En 1996, la NMI, Initiative pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, est fondée par la BDI, la BGA, la DIHK, NuMov (Union pour le Moyen-Orient), auxquelles se sont jointes par la suite Afrika-Verein et la BDB. NMI s’occupe des intérêts économiques allemands dans 22 pays de l’Afrique du Nord au Pakistan.
La même année naît aussi SAFRI, l’Initiative pour l’Afrique du Sud, sous la présidence de Jürgen E. Schrempp, président de Daimler-Chrysler, sous les auspices de la BDI, de la DIHK et de Afrika-Verein.
En février 2004, le Welt, sous le titre de : « Struck n’exclut pas l’engagement de la Bundeswehr en Afrique », rapportait les affirmations du ministre de la Défense allemand : « Nous devons retourner nous occuper de l’Afrique ». Si aujourd’hui le continent ne représente que 1% des échanges commerciaux allemands et autour de 0,20% des investissements directs en 2001-2003, pour l’avenir sa valeur stratégique n’est pas considérée comme sans influence sur l’échiquier des rapports globaux entre les puissances.
L’Allemagne désormais libérée des chaînes qu’on lui avait imposées après la défaite, reprend sa marche pour étendre son influence dans le monde, pour la faire correspondre à sa propre force économique, sous l’impulsion des grands groupes qui ont besoin du soutien de l’État pour leur expansion internationale. Cette marche entre inévitablement en conflit avec celle des autres impérialismes. La connaissance de ces processus et de ces politiques de l’impérialisme allemand est une carte indispensable pour les internationalistes afin de faire avancer une lutte anti-impérialiste cohérente.



NOTE

1. Nous avons calculé les moyennes mobiles sur des périodes de cinq ans étant donné la possibilité de fortes oscillations qui caractérise ce type de données et avec des valeurs en prix constants de 1990.

2. En excluant l’acquisition en 2000 de Mannesmann par Vodafone qui a fait grimper à au-delà des 430 milliards le flux de l’année.

3. Données de la Deutsche Bundesbank.

4. 2002 : +29,107 milliards d’euros, ce qui équivaut à presque 56,928 milliards de DM.; 2003 : +9,132 milliards d’euros, équivalant à 17,860 milliards de DM.

5. En Allemagne les salariés étaient en 2001 34,786 millions; en 2002, 34,545; en 2003, 34,096.

6. Source : Banque mondiale, World Development Indicators database.

7. Données FMI.




G.L.

(pagine marxiste, an 1e, n. 5, novembre 2004)

Pubblicato su: 2005-06-05 (1741 letture)

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